Agriculture - faits et enjeux
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Quel rôle pour les collectivités ?
L'échelon régional et local est le plus pertinent pour agir sur l'agriculture et la préservation des écosystèmes agricoles. Les collectivités ont donc un rôle clé à jouer auprès des acteurs du secteur agricole (et également agroalimentaire) pour les inciter à adopter des pratiques plus durables et mettre en oeuvre une gestion raisonnée des ressources naturelles et des écosystèmes.
Des objectifs nationaux ont été fixés pour le secteur de l'agriculture et guident les collectivités dans les actions à mettre en oeuvre. Dans la LTECV, 50% des objectifs ENR concernent la biomasse (biocarburants inclus). Il est ainsi prévu dans le Plan Energie Méthanisation Autonomie Azote de 2013 (EMAA) l'installation de 1000 méthaniseurs à la ferme en France d'ici 2020. La SNBC formule également différentes recommandations pour l'agriculture : optimisation du cycle de l'azote, substitution des engrais minéraux par des engrais organiques, développement des légumineuses, maintien des prairies permanentes, etc.
Les possibilités d'actions varient selon les territoires. Avant de lancer toute démarche, il est important de réaliser un état des lieux des productions agricoles locales et des acteurs concernés. Il est possible par exemple d'utiliser les données produites par Agreste. L'ADEME met également à votre disposition ClimAgri, outil de diagnostic des consommations d'énergie et des émissions de GES adapté aux enjeux de l'agriculture et de la forêt. Ce diagnostic ainsi que l'élaboration du plan d'action doit être construite avec les acteurs locaux et les représentants des différentes filières : agriculteurs, ADEAR, chambres d'agriculture, associations (Terres de liens par exemple), etc.
Des formations aux bonnes pratiques, aux principes de l'agriculture extensive et à l'agro-écologie peuvent aussi être proposées aux agriculteurs.
Les impacts environnementaux de l'agriculture
L'agriculture est un secteur fortement émetteur de GES. La principale source de GES n'est pas, contrairement aux autres secteurs sa consommation d'énergie (il consomme seulement 3% de l'énergie finale en France) mais liée à des processus naturels pour obtenir les produits animaux et végétaux (émissions de CH4 et N2O).
Limiter l'impact environnemental du secteur nécessite de :
Réduire les émissions directes des exploitations et leur dépendance aux énergies fossiles:
pour le CO2 en améliorant notamment les performances énergétiques des serres, des bâtiments et des engins agricoles.
pour le N2O en réduisant l'utilisation de fertilisants azotés et en développant les cultures biologiques.
pour le CH4 (méthane), la réduction des émissions est plus compliquée puisque le niveau d'émissions est liée au cheptel et donc à l'alimentation des français. Cependant quelques pistes existent aujourd'hui sur l'alimentation des bovins notamment. En outre, la réduction de l'utilisation d'antibiotiques a un impact important sur une parties des émissions de méthane.
Réduire les émissions indirectes en agissant au niveau des filières et du consommateur : développement de circuits de proximité performants sur le plan énergétique, agir sur l'approvisionnement de la restauration scolaire, développement de la méthanisation, etc.
Limiter la pollution de l'air : encourager les pratiques de fertilisation minérale et l'utilisation d'appareils d'épandage, moins propices à la volatilisation de l'ammoniac.
Réduire l'utilisation d'intrants et optimiser le cycle de l'azote.
La vulnérabilité des activités agricoles au changement climatique
L'agriculture est particulièrement sensible aux aléas climatiques et les effets du changement climatique sont déjà visibles aujourd'hui. Les indicateurs créés par l'Observatoire national des effets du réchauffement climatique (ONERC) permettent de mesurer certains de ces effets : la date des vendanges a par exemple lieu deux semaines plus tôt qu'il y a 20 ans en Champagne et, à Mirecourt, dans les Vosges, les semis de blé sont effectués un mois plus tôt qu'en 1970. Les principaux impacts du changement climatique sur l'agriculture sont donc l'avancement des calendriers culturaux, le changement du régime des précipitations et de la disponibilité de la ressource en eau et l'augmentation des événements extrêmes menaçant les cultures.
Synthèse des effets attendus des changements climatiques sur les systèmes agricoles. Source : Adaptation de l'agriculture aux changements climatiques, Réseau Action Climat, 2014
Afin de réduire la vulnérabilité du secteur au changement climatique, une stratégie territoriale d'adaptation doit être construite avec les agriculteurs. Les pratiques et les cultures pourront évoluer en fonction des nouvelles conditions climatiques. Valoriser les retours d'expériences locaux et les essais des agriculteurs facilitera l'adoption de pratiques nouvelles.
L'enjeu du développement d'une agriculture durable
La réduction des impacts environnementaux liés à l'agriculture et son adaptation au changement climatique ne pourront ainsi se faire sans le développement d'une agriculture durable, respectueuse des écosystèmes et des êtres vivants. Une agriculture durable par ses pratiques tout d'abord. L'agro-écologie, que l'on peut définir comme l'utilisation intégrée des ressources et des mécanismes de la nature dans l'objectif de production agricole, constitue une voie vers cette durabilité. L'agro-écologie consiste à mieux préserver les ressources naturelles et les écosystèmes agricoles afin de bénéficier des services qu'ils produisent (on parle alors de services écosystémiques). Plusieurs principes d'action caractérisent cette approche : développer la couverture des sols et les pratiques permettant d'augmenter le taux de matière organique dans le sol, protéger la biodiversité, fixer l'azote dans le sol par la culture de légumineuses, produire de l'énergie à partir de la biomasse ou encore faire cohabiter sur les terres agricoles et arbres (agroforesterie).
Une agriculture plus durable est source de bénéfices pour l'ensemble du territoire et ses habitants, notamment si elle est couplée à des changements dans les filières d'approvisionnement, de commercialisation et les habitudes de consommation. Alimentation de meilleure qualité, développement des énergies renouvelables via la valorisation énergétique de la biomasse (effluents et matières organiques), meilleure protection de la biodiversité, des ressources naturelles (eau, sol), etc. Ces pratiques favorisent de plus le stockage de carbone dans le sol et sa séquestration à plus ou moins long terme, ce qui fait de l'agriculture un secteur agissant comme un puits de carbone.
Pour favoriser la transition vers des pratiques agricoles plus durables, les collectivités peuvent :
Agir sur la préservation de la biodiversité en définissant des réservoirs de biodiversité, des corridors écologiques, en encourageant le développement de vergers biologiques pour permettre le développement d'insectes prédateurs d'acariens, d'oiseaux insectivores pour limiter le recours aux pesticides et préserver les insectes pollinisateurs.
Agir sur la préservation du foncier agricole en protégeant les zones agricoles et naturelles (ZAP) dans les documents de planification (SCoT-PADD) et limiter ainsi l'expansion des zones urbaines.